World Press Photo Montréal – L’exposition de la rentrée culturelle!

Effectivement, c’est « la grande exposition de la rentrée culturelle à Montréal! » (worldpressphotomontreal.ca, 2016).

Ce sont 83 000 photos qui sont scrutées, analysées, passées au peigne fin en vérification technique et éditoriale pour choisir les gagnants du plus prestigieux concours de photojournalisme au monde : World Press Photo.

Les photographies gagnantes sont réparties en huit catégories : Actualités, Nouvelles générales, Sports, Sujets contemporains, Vie quotidienne, Portraits, Nature et Projets à long terme. Mis à part la catégorie Projets à long terme, chacune des catégories est divisée en deux sous-catégories : Reportages et Photos. Ainsi, 41 photographes de 28 pays ont été primés parmi 5775 photojournalistes. Issue de ce concours, l’exposition World Press Photo Montréal regroupe les 150 photographies lauréates au Marché Bonsecours jusqu’au 2 octobre.

© Corentin Fohlen/ pour Stern et Paris Match/ Divergence. Paris, France. 11 janvier 2015. Manifestation a paris contre le terrorisme et en soutien aux victimes de l'attaque contre le journal Charlie Hebdo et l'epicerie casher.
© Corentin Fohlen/ pour Stern et Paris Match/ Divergence. Paris, France. 11 janvier 2015. Manifestation à Paris contre le terrorisme et en soutien aux victimes de l’attaque contre le journal Charlie Hebdo et l’epicerie casher.

Si une image vaut mille mots, d’autres parlent d’avantage. Lorsque combinées à un contexte social, elles fixent un moment historique, l’unicité d’une histoire personnelle, un moment dans le temps. Elles font appel à nos émotions. Joie, colère, admiration, tristesse, impuissance ne sont que quelques-unes des émotions que World Press Photo Montréal vous fera vivre.

Si les horreurs de l’actualité prônent par la nature du photojournalisme, la photo de l’année est porteuse d’un message d’avenir. Espoir d’une nouvelle vie s’est démarqué parmi les 83 000 images. Cette photo montre un homme tendant un bébé sous les barbelés à la frontière serbo-hongroise . Au premier coup d’œil, cette photographie, en noir et blanc, floue et prise dans la pénombre de la nuit, ne se démarque ni par son esthétisme, ni par la technique du photographe, Warren Richardson. Et pourtant… elle a gagné! Francis Kohn, président du jury de 2016 et directeur-photo de l’Agence France Presse (AFP), explique que le photographe voulait garder l’anonymat lors de la prise : il n’a pas utilisé le flash de son appareil. Par soucis éthique et de sécurité, il s’est plié aux circonstances du contexte. Ce n’est pas la beauté de l’image, mais le contenu et le pouvoir émotionnel de l’instant qui ont valu le titre de photo de l’année à Espoir d’une nouvelle vie. D’une simplicité esthétique classique, le photographe australien a fixé dans le temps une histoire personnelle dans un contexte politique et social historique. Toutes les composantes de la photographie résument la situation des réfugiés syriens: leur angoisse est traduite sur le visage de l’homme, la précarité à travers le bébé et l’espoir d’une nouvelle vie pour cet enfant à travers les bras qui l’accueillent. Tout sur cette image nous parle de la guerre. La couleur et la netteté d’une image parfaite auraient falsifié un contexte qui ne peut être que sombre et gris. La position précaire des protagonistes de cette scène nous rappelle que la mort ne fait pas de distinction entre un réfugié syrien, un bébé ou un photographe australien, mais que l’espoir d’une nouvelle vie est toujours présent. Que ça soit en Syrie ou dans n’importe quel pays du monde, tel est le visage de la guerre.

Le conflit syrien a tinté l’année 2015 et, comme vous l’aurez déduit, il tinte une grande partie de l’exposition WorldPress Photo Montréal 2016. D’autres sujets ponctuent cette vitrine sur l’actualité de 2015. Les images sont issues du puissant séisme du Népal, des attentats terroristes sur Paris, de la violence des gangs de rue au Honduras et de la réalité des femmes victimes d’agressions sexuelles dans l’armée américaine. Une des photos du reportage d’Abd Doumany (2e prix reportages, catégorie Information générale) crève le cœur: un homme berce le corps de sa petite fille tuée dans un raid. Et oui, gens sensibles, abstenez-vous. Sauf bien sûr si vous ne tenez pas à vivre dans l’ignorance de l’autre. Car World Press Photo Montréal dérange et choque mais conscientise également. L’exposition ouvre des fenêtres sur le monde. Un monde qui peut être cruel mais qui n’en reste néanmoins surprenant et merveilleux.

Si ce prestigieux événement semble hostile, détrompez-vous. Du beau, de l’inusité, des scènes de vie heureuse sont aussi représentés à travers l’exposition. Les photographies de la catégorie Nature sont simplement magnifiques. Les paysages et la spontanéité de la nature sont capturés sur les clichés qui ont capté une masse orageuse (Rohan Kelly – Storm Front on Bondi Beach) et une éruption volcanique accompagnée de puissants éclairs (Sergio Tapiro – The Power of Nature). Et que dire des photographies de la catégorie Sport sinon qu’elles nous rappellent notre enfance sur une patinoire et à quel point le corps humain peut être puissant.

Le World Press Photo Montréal est accompagné de quatre expositions satellites : Je ne viens pas de l’espace, Regards d’Oxfam-Québec (4e édition) : À la recherche des milliards perdus, ICI RDI, Festival du nouveau cinéma.

Cependant, c’est l’exposition Je ne viens pas de l’espace qui retient mon attention. Consacrée aux réalités des nouveaux arrivants Syriens à Montréal, le sujet de cette exposition courte est intimement lié au World Press Photo Montréal. Signé par l’artiste multidisciplinaire et porte-parole du World Press Photo Montréal, Anaïs Barbeau-Lavalette, Je ne viens pas de l’espace nous rapproche de la population migrante syrienne à Montréal. Par conséquent, elle nous rapproche de notre propre réalité. Cette exposition s’inscrit dans des valeurs de générosité, de respect, et d’ouverture qui peuvent surgir de chacun de nous face à la souffrance de l’autre. D’un point de vue muséologique, cette exposition est un excellent satellite à l’exposition World Press Photo Montréal : comme la photo de l’année et le World Press Photo 2016, les émotions sont au premier plan et l’humanisme s’oppose à l’hostilité du monde cruel.

Bravo à tous les photographes pour leur magnifique travail, bravo à l’organisation World Press Photo et bravo à AnthropoGraphia, producteur de l’exposition Je ne viens pas de l’espace. Que vous soyez amateur-photographe, photographe ou simplement que vous aimiez la photographie, je vous invite à vous déplacer pour voir le World Press Photo Montréal de vos propres yeux.

Appréciation: 4.5/5

Lieu
Salle de la Commune du Marché Bonsecours
325, rue de la Commune Est
Vieux-Montréal (métro Champ-de-Mars)
Salle accessible aux personnes à mobilité réduite

Horaire
31 août au 2 octobre 2016
Tous les jours
10 heures à 22 heures, les dimanche, lundi, mardi et mercredi
10 heures à minuit, les jeudi, vendredi et samedi
Ouvert le lundi de la Fête du travail (5 septembre)

Tarifs
Entrée générale : 13 $
Étudiants de 25 ans et moins : 10 $
Aînés de plus de 65 ans : 10 $
Moins de 12 ans : gratuit
Forfait pour groupes : 8 $ (détails sur le site)
Pour se procurer des billets
Billetterie sur place ou via le site Web de La Vitrine culturelle

 

 

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