Chronique d’une cinémaniaque: Se réconcilier avec les comédies musicales

C’est une des plus grandes tragédies de ma vie. Quand je conseille au Superclub Vidéotron, en marchant dans les rangées avec le client, je m’essaie. Pointant une comédie musicale : « Oh, wow. Ce film-ci est incroyable, vraiment magnifique. Les acteurs sont au sommet de leur art et les chansons sont…  ». « C’est un comédie musicale? ». « Oui. ». « Ah. Non merci. ». WHY. Pouvez-vous m’expliquer ce que tout le monde a contre les comédies musicales? Non, effectivement, personne ne chante sa vie en continu ni ne s’exprime mélodieusement, si vous voyez ce que je veux dire. Non, effectivement, il n’y a pas un orchestre qui nous accompagne dans notre vie quotidienne pour glorifier nos émotions avec de la musique épique. Et alors? Les comédies musicales sont des œuvres d’art, et les chansons permettent habituellement d’ajouter certes de l’absurde et du « too much », mais surtout de la grandeur et de l’émotion à l’histoire. Il ne faut pas commencer en se disant que ça va être quétaine.

Faites-moi plaisir et louez une comédie musicale en vous concentrant sur l’histoire, la performance des acteurs et la beauté des chansons. Faites-moi plaisir et louez une comédie musicale, point. Une bonne, on s’entend. Je me permets de vous faire connaître mes comédies musicales préférées. Ce sont selon moi des chefs-d’œuvre incontournables.

En premier lieu, je ne peux pas passer à côté d’un des films qui m’a le plus bouleversée : Les Misérables. Réalisé par Tom Hooper, également à la tête du film The Danish Girl , l’histoire de Victor Hugo est amenée à un tout autre niveau ici. La performance des acteurs est à se jeter par terre. Oui, je l’avoue, je suis braillarde. Reste que ce film m’émeut à un point tel que je pleure à gros bouillons au moins quatre fois MINIMUM durant le film. Juste wow. La griffe du réalisateur se fait bien sentir – les plans rapprochés, non-conventionnels, les mouvements de caméra intimistes avec les personnages – et rend l’histoire tellement réelle, tellement vraie et tellement remplie d’émotions. Mentions spéciales à Hugh Jackman et Anne Hathaway qui livrent des performances à couper le souffle. La chanson I Dreamed a Dream n’aura jamais eu autant de signification profonde, de puissance et d’intensité émotionnelle. Tous les acteurs sont bons, c’est pas mêlant. Avec Eddie Redmayne, Amanda Seyfried, Russell Crowe, Samantha Barks, Aaron Tveit, Helena Bonham Carter et Sacha Baron Cohen, entre autres.

Autre registre complètement. Sweeney Todd : The Demon Barber of Fleet Street, réalisé par Tim Burton qui nous a donné entre autres Charlie et la chocolaterie, Edward aux mains d’argent et L’étrange noël de Monsieur Jack, nous emporte dans un monde gore où un barbier revenu à Londres après quinze ans d’absence cherche à se venger du juge qui a commandé son exil et qui lui a du même coup ravi sa femme et sa fille. Le rôle de Sweeney Todd est campé par Johnny Depp et ça lui va comme un gant. Il est dangereusement sombre, menaçant et toujours attachant, néanmoins. Je pense que je n’ai jamais autant aimé une chanson que A Little Priest, chanson se tenant à la moitié du film et soutenue par une prouesse théâtrale de Johnny Depp et Helena Bonham Carter. Petit conseil : n’allez pas la voir sur YouTube, vous allez le regretter. C’est la chanson charnière du film, celle qui révèle le « punch ». Regardez donc le film en entier, à la place. Au final, Sweeney Todd est une histoire d’amour, de vengeance et d’entraide, il faut le souligner. Et avec un peu de sang. Beaucoup de sang. Sweeney Todd reste un tueur en série affreusement célèbre. La beauté du film de Tim Burton, toutefois, c’est que le sang, trop rose et opaque pour paraître vrai, permet de se déconnecter de la scène d’horreur sous nos yeux et rassure. Ça vaut la peine, vraiment, même pour les plus chochottes comme moi.

Quand on parle de classiques de la comédie musicale, on ne peut pas passer à côté de La mélodie du bonheur. C’est un peu moins intense que les deux autres films ci-haut, car les chansons laissent souvent la place à la parole. Ça reste néanmoins l’un des films les plus formateurs que j’ai vus dans ma vie. Les personnages, tous de bons vivants, permettent à l’histoire de rester dans la légèreté, malgré certains moments plus sombres. Julie Andrews joue Maria, une jeune religieuse qui devient la nouvelle gouvernante de la famille Von Trapp et, petit à petit, apprend à aimer et à faire sa place dans l’Autriche pré-Deuxième Guerre Mondiale. Les chansons sont devenues des incontournables et Christopher Plummer est à tomber par terre dans le rôle du capitaine Georg Ritter von Trapp. À voir absolument!

Ces trois comédies musicales ne sont que quelques exemples de la magnificence de ce genre cinématographique. Je pense que pour apprécier une comédie musicale, il faut évidemment regarder les bonnes et se laisser aller sans tenir compte de l’absurdité de l’action chantée. Le jeu des acteurs est tellement impressionnant quand on pense au niveau de difficulté supplémentaire quand, non seulement ils doivent offrir une prestation vocale éblouissante et sans faute, mais aussi ajouter émotion et sous-texte à leur jeu. Avez-vous déjà essayé de pleurer en chantant, ou de vous époumoner à deux doigts du visage de votre partenaire de jeu? Impressionnant.

À voir aussi : Mary Poppins, Chicago, Dancer In The Dark, Moulin Rouge (absurde mais tellement touchant. Et Nicole Kidman et Ewan McGregor… incroyables).

Photographies tirées de Google.

Laisser un commentaire