Gabriel est perdu, par Julien Roy

Source/Crédit : Le Devoir
Source/Crédit : Le Devoir

Avez-vous déjà eu envie de tout lâcher pour réaliser vos rêves? Julien Roy l’a fait. Son contrat comme rédacteur publicitaire à la radio venait de se terminer et sa plume était bien accueillie sur le blogue In the 10’s, alors il s’est lancé le défi de sociofinancer l’écriture de son premier roman ; Gabriel est perdu. Un pari réalisé haut la main pour un court livre bien orchestré.

Gabriel est perdu est un roman difficile à expliquer. Il y a tant de sous-entendus, de non dits et d’interprétations possibles, alors il n’y a pas un seul lecteur qui le lira ou l’appréciera de la même façon. Voici son quatrième de couverture .

Gabriel est dans la mi-vingtaine. Il vit trop fort, ou pas assez. Il déambule d’une soirée bien arrosée à une autre, collectionnant les épisodes-clichés de ceux qui n’arrivent pas à tourner la page de l’adolescence. Puis il s’échoue sur une île, sur une fille : la belle Fannie. Elle le sauve, il la détruit. Ou vice versa. Leur récit, comme la plupart des histoires d’amour, se joue en quelques moments-clés. Intensément beaux, puis intensément laids. Rien n’y fait : Gabriel est perdu.

On y retrouve le style saccadé, les phrases courtes et la structure complexe auxquels il nous avait habitués du temps de In the 10’s (blogue qu’il a d’ailleurs légué à une autre plume depuis). Jeux de mots, métaphores frappantes et déstabilisantes et petits pans de poésie parsemés ici et là entre deux chapitres amènent une dimension phénoménale à la lecture. Le rythme vous laissera haletant et vous en fera redemander, mais il rendra, par moment, le tout un peu confus.

C’est que le récit passe d’un extrême à l’autre à plusieurs niveaux et qu’il n’y a pas de réponses précises à obtenir. Le personnage principal, Gabriel, est extrême, les styles se mélangent, l’écriture tantôt crue, tantôt soignée va aussi d’un extrême à l’autre. Aérien, réflexif, le roman est un peu un amalgame de plein de choses que l’on mettrait ensemble dans un pot et que l’on mélangerait. Le résultat peut être tout aussi bien mauvais que bon, mais ici, il est bon. C’est seulement qu’il ne plaira pas à tout le monde.

Source : Facebook de Julien Roy
Source : Facebook de Julien Roy

Les chapitres sont divisés par l’alphabet, des heures et des dates. Ce qui donne l’impression parfois que le livre est plus long qu’il ne l’est vraiment. J’ai dû m’accorder quelques pauses pour réfléchir à ce qui se trouvait devant moi, pour être certaine d’avoir bien compris l’essence de ce que je lisais.

L’histoire de Gabriel, c’est un peu l’histoire de tout le monde et de personne à la fois. Il y a des réflexions qui viendront résonner très profond, tandis que d’autres seront sans importance. Cette histoire peut être retournée de tous les côtés, du début à la fin et de la fin au début. Elle vous fera passer par toute la gamme d’émotions vécues par Gabriel et peindra un amour à en être malade. Les fois où l’on aime trop et où l’on aime mal, où le cerveau décroche.

Le roman, Gabriel est perdu, me laisse perplexe. Est-ce que je l’ai trouvé bon? Oui, assurément, mais je n’ai pas complètement terminé ma propre réflexion sur tout ce que j’y ai lu. Alors, oserez-vous lire ce tout petit roman (le roman des extrêmes) au risque d’en être déstabilisé? Il se distingue de cette montagne de littérature où il est facile de prédire l’histoire de A à Z.

Légende: Médiocre – 1 à 3 | Bof-Passable – 4 à 5 | Bon 6 à 7 | Excellent 8 à 9.9 | Parfait – 10 

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Alexandra Philibert

Hyperactive du projet, Alexandra est une amoureuse des mots, du sport et de la musique country. Un contraste sur deux pattes que vous retrouverez le nez dans un livre ou probablement perdue à Nashville.

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