Je ne serai probablement jamais riche et c’est correct.

Depuis que je travaille,  j’ai rarement été dépensière. Même quand je me considérais comme telle, en me comparant, je réalisais que je ne l’étais pas tant que ça. Il m’est arrivé d’acheter quelques morceaux de vêtements chez H&M sur le coup de l’émotion et j’avais l’impression d’avoir commis la folie du siècle.

Quand je sortais dans les bars, je me trouvais particulièrement wild si je dépensais le 40$ que j’avais retiré au guichet. Je n’ai jamais pris plaisir à sortir dans des restaurants trop fancy et dispendieux. Amenez-moi du mac’n’cheese et je serai heureuse.

Crédit photo: www.route40.net
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Avec les années, je suis devenue de plus en plus raisonnable dans mes finances. Clairement, je n’avais pas de quoi me plaindre. J’habitais chez mes parents et je n’avais pas besoin de payer mes études. J’étais et je suis encore très choyée.

J’ai toujours choisi de prioriser ma santé physique et mentale plutôt que la quantité d’argent dans mon compte de banque, mais je me demandais si mes conceptions allaient changer quand j’allais devenir « une grande personne ». Je suis majeure depuis plusieurs années déjà, mais ce n’est qu’en juillet dernier que j’ai quitté la maison familiale. Ça ne fait donc pas très longtemps que j’ai des vraies dépenses: loyer, factures, épicerie, transport, etc. Cette perspective me faisait plutôt peur, je l’avoue. En effet, malgré mes envois motivés et frénétiques de CV, je n’ai pas réussi à quitter mon emploi de caissière d’épicerie encore. Ce n’est donc pas un secret pour personne que mon salaire est plus que modeste, et pourtant.

Crédit photo: www.azcapitoltimes.com
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 J’étais certaine que mon compte fondrait comme neige au soleil et mes épargnes aussi. Finalement, je m’en sors plutôt bien et j’ai réalisé certaines choses. En fait, sans vraiment y penser, j’ai naturellement opté pour un mode de vie plus simple et économe pour avoir du temps pour moi et  avec ceux que j’aime.

Ainsi, je travaille quatre jours par semaine plutôt que cinq. Je n’ai plus de voiture.  Comme  j’habite désormais  à Montréal,  je n’ai qu’à marcher quatre minutes pour me rendre au métro. Quand je fais mon épicerie, je choisis presque systématiquement les spéciaux. Ce que je consomme en grande quantité (lire ici: le beurre d’arachides et le café), je l’achète toujours à prix réduit.  La majorité du temps, j’achète mes livres, mes vêtements et mes articles de maison usagés. Mon grand fun dans la vie, c’est d’aller fouiller les bazars de banlieue et de ressortir avec 15 items pour 20$ et être convaincue  que j’ai découvert le Saint-Graal.

À mes yeux,  il n’y a pas de challenge dans les boutiques régulières, alors que chercher un livre dans une bouquinerie, faire une trouvaille qu’on portera encore et encore dans une friperie, ça,  j’aime ça. Je fonctionne ainsi dans à peu près toutes les dépenses que je fais. J’apparais peut-être radine, je le suis parfois, mais si surveiller les spéciaux et marcher pour me déplacer me permet d’avoir du temps et moins de stress, c’est ce que je choisis.

Crédit photo: www.vanupied.com
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J’ai aucune idée de ce qui est à la mode en ce moment, mon cellulaire est zéro high-tech et mon ordinateur non plus. Je vais au cinéma les mardis. J’achète pas de loterie parce que je ne saurais même pas quoi faire avec tant d’argent. Je passerais probablement de mon studio à un trois et demi et je me trouverais très rebelle.

Pourtant, en pensant ainsi, j’ai souvent l’impression qu’on me prend pour une extra-terrestre. J’ai terminé mon baccalauréat depuis plus d’un an et arpente les sites d’emplois, ne sachant pas réellement ce que je désire. Ce sont souvent les emplois plus simples, à temps partiel, dans des milieux moins angoissants qui m’attirent le plus. Si la description d’emploi demande une grande résistance à la pression et au stress, j’ai envie de me sauver dans l’autre direction, peu importe le nombre de zéros sur la paye. Le stress et l’angoisse, j’en ai connu trop et j’aimerais faire tout mon possible pour les éviter. Et si ça signifie que je n’aurai jamais de voiture, vivrai dans de petits appartements et m’habillerai au bazar forever, je suis à l’aise avec ça.

Crédit photo: www.telegraph.co.uk
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Bref, j’aimerais ça vous dire que vous avez le droit, malgré ce que la société et certaines personnes  veulent bien nous faire croire, de choisir votre bien-être en premier et ne pas faire rouler l’économie, ni les compagnies de crédit.  Au pire, on déménagera tous dans un village de mini-maisons.

Amélie Lacroix Maccabée

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L’image à la une provient du site web www.refe99.com

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Amélie Lacroix Maccabée

Bibliophile, créative et curieuse. Hypersensible se réfugiant dans les mots et les arts. Gamine dans l'âme et accro au sucre. Intéressée par la cause féministe, environnementale et par la diversité sexuelle et culturelle dans les médias et la littérature.

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