TU ES BELLE QUAND MÊME…

Tu es belle quand même… m’a-t-il dit.

Ce genre de phrase qui en apparence semble inoffensive, ce genre de phrase qui se veut un « compliment » …

Ces maladresses sociales, on les entend trop souvent et elles deviennent presque normales à entendre parce qu’on est dans une société où on encourage les gens à se culpabiliser d’être qui ils sont. On leur demande de s’aimer, mais pas trop; on les encourage à le faire pour être gentil, mais on ne le pense pas vraiment… Il ne faudrait pas qu’une personne au physique atypique se trouve trop belle, ça pourrait déranger! C’est une formule de politesse, un souhait… mais une réalité totalement intégrée et acceptée socialement? Ça, j’en doute!

On vit dans une société contradictoire où les hommes et les femmes étouffent sous des normes irréalistes, mais tellement omniprésentes et insistantes qu’elles forgent non seulement nos pensées, mais nos corps. On cherche sans cesse à nous changer, à nous cacher, à nous maquiller, et un jour on finit par dire et recevoir ce genre de phrases toxiques sans réaliser qu’on s’empoisonne les uns les autres avec nos préjugés, nos stéréotypes et nos jugements sévères et stériles.

Tu es grosse, mais tu es belle quand même.

Tu es rousse, mais tu es belle quand même.

Tu es petite, mais tu es belle quand même.

Tu as de petits seins, mais tu es belle quand même.

Tu es vieille, mais tu es belle quand même.

Tu as des cicatrices, mais tu es belle quand même.

Tu as des vergetures, des varices, de la peau d’orange, mais tu es belle quand même.

Tu es poilue, mais tu es belle quand même.

Tu fais garçon manqué, mais tu es belle quand même.

Une si petite phrase peut tuer un corps qui tente d’être libre. Elle peut lui couper les ailes en plein vol, alors que dans un élan d’authenticité, un homme ou une femme ne cherche qu’à s’assumer, sans artifices, et qu’au passage on lui rappelle que son unicité dérange au point qu’on se sent obligé de la souligner.

Les gens croient parfois nous faire des compliments. Ils croient bien faire en nous balançant ces phrases mi-tranchantes mi-douces qui viendront sournoisement égratigner notre estime de soi.

Il y a quelques mois, j’étais inscrite sur un site de rencontre quand un homme est venu me dire :

« Tu ne devrais pas écrire que tu es enrobée parce que tu es bien plus que ça, tu es belle quand même. »

Ça m’avait sidérée qu’il ose me dire cela. Heureusement, j’assume plutôt bien le fait d’être ronde et je ne cherche plus à le cacher avec honte. J’ai des courbes et tenter de les nier serait me renier moi-même… Je lui ai donc répondu que d’avoir des rondeurs n’était pas un défaut et que j’assumais très bien cette caractéristique qui est mienne, puisqu’elle me définit et que d’ailleurs, cela n’a jamais été un problème dans mes relations, bien au contraire!

J’aimerais donc aujourd’hui vous sensibiliser au choix de mots que vous faites pour parler des autres et à l’impact que ces derniers peuvent avoir sur autrui. Avant d’offrir un « compliment » déguisé en défaut embelli, pensez à comment vous pourriez être plus ouvert d’esprit que la masse en offrant purement et simplement des compliments, sans chercher à les minimiser, sans chercher à soulever autre chose que la beauté qui existe en chaque individu. Et si vous n’y arrivez pas, pourquoi ne pas simplement sourire et vous abstenir? Parfois, il vaut mieux se taire que de dire des mots vides ou trop pleins qui au final risquent de faire plus de mal que de bien.

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mlle_mymy2

Spécialiste des mots du coeur 

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Crédits photo: Leah Makin

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Mademoiselle Mymy

Écrivaine dans l'âme, poète et philosophe à ses heures, Mymy est une passionnée du développement humain et de la Vie. Pour elle, même les pires situations cachent une belle occasion de se dépasser et de faire place à la lumière. Sa mission: répandre du bonheur!

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