Happy Ending : six bijoux du court-métrage

Dans cet article, le féminin est utilisé sans discrimination des genres, pour alléger le texte.

Le 4 juin dernier, j’ai fait la découverte de six bijoux du court-métrage mis au monde par les finissantes en cinéma de l’UQAM. Une distribution éclectique qui nous a fait tour à tour rire, pleurer et pleurer de rire. Je t’en révèle quelques détails, suis-moi jusqu’au bout, tu vas pas le regretter.

Gas and Wine Taste the Same, c’est un choc culturel pour les urbaines d’entre nous. Narré par une fille en fin de secondaire qui voit sa meilleure amie s’exiler en ville, ce court-métrage nous met en relation avec les personnes « abandonnées » dans le patelin natal (j’aurais bien aimé y voir un caméo de Fabien Cloutier!). « Tes parents pensent que tu vas devenir une bole parce que tu pars étudier en ville, mais toi et moi on sait bien que c’est pas vrai. » Emmanuelle Lacombe (scénario et réalisation) nous invite à nous questionner sur le mythe de l’exode salvateur vers la ville. Doit-on vraiment prendre en pitié celles laissées derrières, ou faut-il accepter qu’elles aient compris que la vie se savoure dans sa simplicité? Au fond, c’est peut-être cette quête vers la ville qui est erronée.

Puis, il y a Jeez. L’histoire d’un petit garçon qui se construit un robot et d’un père qui souhaiterait que son fils soit « normal ». Bon, c’est pas le robot d’Anakin, mais c’est un ben beau robot et en plus, il y a des explosions (pour vrai là!). Colin Nixon (scénario et réalisation) laisse intervenir le robot aux moments opportuns pour ajouter une touche d’humour et d’émotions dans l’évolution sentimentale du garçon.

Le premier bloc finissait sur une note forte : Vétérans, pour ne jamais oublier qui nous sommes. Oublie les militaires de la Seconde Guerre mondiale qui te parlent du débarquement de Normandie. Pour une fois, on s’intéresse à l’individu, à celui qui partait avec le rêve de défendre les valeurs de liberté et de démocratie en Bosnie et en Afghanistan, mais qui est revenu avec une tête remplie de brumes et un choc post-traumatique auquel le gouvernement fédéral répond par le renvoi. Ce documentaire, réalisé par Jean Beaudin, offre un regard original sur la New Generation Veterans, ces vétérans laissés à eux-mêmes qui se regroupent dans une gang de moto pour s’entraider et se souvenir. Avec un montage à point de Charles Boisseau et une capture visuelle unique des moments forts de leur quotidien sous la direction photo de Laurent Ulrich, Vétérans a su faire pleurer les cœurs les plus durs et récolter la première ovation debout de la soirée.

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© Luxembourg Mobile, Réalisation : Jean Beaudin, Photo : Laurent Ulrich

On poursuit dans l’humour situationnel avec Lady Byng, réalisé par Alec Pronovost. L’histoire d’un concierge d’aréna qui découvre un chien malade qu’il tentera de sauver. Mention spéciale aux bobbleheads. Si vous voulez savoir pourquoi, vous viendrez voir le film!

S’en suit Une Bombe que j’ai littéralement a-d-o-r-é (ben oui, j’ai déjà fait du Génie en herbes). Guillaume Harvey (scénario et réalisation) nous replace avec humour dans notre jeunesse de p’tit gars, début 2000 — avant que les électroménagers se transforment en stainless tsé. Cette époque de l’adolescence où embrasser une fille était déjà « un gros move » et faire une bombe avec des plans téléchargés sur les Internets se rapprochait d’une bonne idée. Un montage digne de mention de Valérie Tremblay, parce qu’en humour tout est dans le timing. J’ai entendu dire que Natan B. Foisy avait bien cadré ça aussi. Un film qui vaut le détour s’il passe dans un festival près de chez vous. Je t’accorde qu’on passe pas le test de Bechdel, mais regarde au moins la bande-annonce.

Finalement, la pièce de résistance c’est elle pis son char. Un documentaire dont tu vas entendre parler longtemps. Le 31 décembre 2003, Lucie écrit une lettre à l’homme qui l’a agressée sexuellement de 8 à 12 ans. Elle décide de prendre sa caméra pis son char pour aller lui porter en main propre, où qu’il soit. Douze ans plus tard, son fils Loïc Darses reprend le tape de sa mère et sa propre caméra pour refaire son parcours. Un film marquant. Coup de poing dans les viscères. La poésie d’une femme pleine de liberté et les vues imprenables pavant son parcours, maintenant rendues à l’écran par Hubert Auper (direction photo). Impressionnant montage d’Amélie Hardy qui entrecoupe ces paysages contemporains avec le témoignage de Lucie dont la caméra est sa seule confidente. Une autre ovation debout.

Tous ces films ne sont pas encore en ligne puisqu’ils feront la tournée des festivals cette année. Abonne-toi à leur page Facebook. Tu pourras rester informée des projections. Sinon, les DVDs sont en vente au J-3560 de l’UQAM jusqu’au 12 juin au coût de 10$ (ça vaut la peine, surtout avec tout ce que tu as économisé en téléchargeant toute l’année).

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© Loïc Darses, Photo : Lucie Tremblay
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Michaël Lessard

Michaël achète des livres pour mieux toucher aux arbres. Il considère que vouloir être immortel c'est vouloir cesser de vivre, et que porter des lunettes empêche de recevoir complètement le vent dans le visage. Michaël a deux amours : les doubles espressos et Antidote. Il aimerait dire qu'il joue souvent au badminton. Par le hasard des choses, la société a cru bon de le nommer B.C.L.|LL.B. (Hons). Il reconnaît le pouvoir de (ré)éducation de l'art, de (dé)construction normative. Accessoirement, il est étudiant au Barreau. Durant la saison académique, Michaël écrit des textes clairs. Cette description a été rédigée l'été.

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