Le détail mal en point, la fin d’une époque?

Le paysage commercial québécois en prend tout un coup dernièrement. Sous peu, le consommateur ne retrouvera plus les bannières Smart Set, Jacob ou encore Mexx dans ses centres commerciaux. Ces trois chaînes de magasins n’auront plus pignon sur rue. Mais que cause ce déclin et le placement sous la Loi sur la faillite et l’insolvabilité (LFI) de plusieurs entreprises québécoises, mettant ainsi des milliers d’emplois en péril?

Sans pour autant obtenir une réponse absolue, j’ai quelques questionnements et pistes de réflexion à vous offrir.

Les grands méchants loups étrangers

Au cours des dernières années, la province a vu s’installer  des boutiques telles que Target, Marshalls, H&M, Banana Republic et Forever 21 – pour ne nommer que celles-ci – au sein de ses centres commerciaux, proposant des marques renommées relativement abordables, ou encore des vêtements comparables à moindre prix. Ces baisses de prix leur permet d’obtenir une plus grande part de marché. Est-ce que des magasins tels que Jacob, Smart set et cie pouvaient se permettent de baisser eux aussi leur prix vendant? Peut-être. Est-ce que ça en valait la peine? Peut-être pas. Dire qu’il s’agit complètement de la faute des chaînes étrangères est un mensonge, dire que cette venue n’a aucune incidence, en est une aussi. Il ne faudrait pas non plus oublier le fait que la qualité offerte puisse être un facteur à considérer. Si ta qualité a changé pour le pire au cours des dernières années, il se peut que le client habituel ait trouvé ailleurs la qualité à laquelle il était habitué.

Forte concurrence dans la mode féminine

Ici, je m’avance grandement. Avez-vous remarqué le pourcentage de boutiques destinées à la femme versus celles pour l’homme? Sans pour autant dire que la mode n’est que pour un public féminin, avouons-le nous, il y a une grande diversité dans celle-ci pour nous que pour messieurs. La concurrence est forte, mais elle existe aussi dans d’autres domaines et elle ne forcent pas pour autant la fermeture d’entreprise, mais plutôt leur évolution.

Le ventre plus grand que la panse?

Ça m’a toujours intrigué de voir les magasins se multiplier durant la crise économique. Pour stimuler une économie, tu dois injecter dans celle-ci, mais pourquoi créer de nouvelles chaînes ou ouvrir de nouvelles succursales lorsque le consommateur, lui, peine à joindre les deux bouts? Certains diront qu’avant l’ouverture d’une boutique, une étude de marché est réalisée. Vrai.Jusqu’à aujourd’hui, je n’ai vu aucune ouverture sans étude de marché. Il est vrai aussi qu’il arrive de se planter royalement malgré celle-ci. Mais de voir des magasins se multiplier à une vitesse phénoménale lorsqu’un gouvernement crie à l’austérité et que plusieurs perdent déjà leurs emplois – sans avoir un sou et s’endettent encore plus – ça me laisse un goût amer en bouche. Le marché au détail est-il assez en santé pour justifier ses expansions? Les récentes fermetures nous poussent à croire le contraire.

Surconsommation et mode d’achat

Ce qui m’amène à la surconsommation. On a qu’une vie à vivre, donc on s’endette aujourd’hui au cas où l’ont mourrait demain… sans penser que l’on pourrait bien vivre jusqu’à 87 ans. Le Québécois moyen – en date du 26 février 2014 – est endetté de 27 368 $. Les termes «temps plein» et «permanent» semblent disparaître du vocabulaire du domaine de l’emploi, ce qui n’aide en rien le consommateur à se désendetter et/ou de pouvoir acheter en magasin. Force est de constater que le modèle américain ne changera pas demain et que le consommateur continuera sûrement à s’endetter. C’est donc dire que la surconsommation, elle, ne change pas, mais que le problème se situe ailleurs… dans les habitudes d’achat. La clé se retrouve-t-elle à cet endroit?

L’arrivée d’Internet a changé bien des choses dans le rapport des gens avec les habitudes quotidiennes, et elle a aussi eu des bons et moins bons côtés dans le commerce du détail. Si plusieurs entreprises ont su tirer profit des ventes sur le web et trouver un équilibre entre la vente au détail et la vente en ligne, plusieurs ont manqué le bateau. Maintenant que tout est accessible d’un clic, pourquoi se déplacer? Le responsable du secteur du commerce de détail chez PricewaterhouseCoopers Canada, Alain Michaud,  vous dira peut-être qu’il s’agit plutôt du manque de fidélité de la nouvelle génération que de cette nouvelle accessibilité, mais personnellement, je ne crois pas que la fidélité de l’acheteur est LA cause numéro un du déclin du détail.

Le phénomène des dead malls

Nicholas Eckhart 

Les dead malls est un phénomène qui est apparu au États-Unis récemment (Liste des dead malls juste ici). S’il est vrai que des centres commerciaux abandonnés existent un peu partout dans le monde, il semble que ce phénomène ait pris de l’ampleur au cours des dernières années chez nos amis américains. Les chaînes délaissent les centres faute de profits, à cause d’un loyer trop cher, une restructuration ou encore des raisons contextuels – du taux de crime de la région etc. -. Ce qui a pour effet de laisser des centre commerciaux à l’abandon ou à l’agonie, où l’on ne retrouve plus qu’une ou deux boutiques encore à l’oeuvre. Ces photos prises un peu partout sont d’une beauté phénoménale. L’humain est capable de tout, du pire comme du meilleur, et ce phénomène nous pousse à se questionner sur la propagation des centres commerciaux – nouvelle affaire in des années 70,80 et 90 -, et si le long terme a été envisagé. Cela permet aussi de voir à quel point les habitudes de consommation ont évoluées en si peu de temps.

Qui aurait-pu prévoir que ces immenses blocs de béton deviendraient désuets en si peu de temps? Est-ce possible que ce ne soit ni plus la faute d’un plus qu’un autre de ces facteurs et qu’il s’agit plutôt d’un amalgame?  Mais aussi, peut-être que le modèle d’affaires ne s’est jamais vraiment adapté aux nouvelles habitudes du consommateur et que par conséquent, au même titre que le journal papier, il en devient de plus en plus difficile de s’y adapter avant qu’il ne soit trop tard?

Avez-vous changé vos habitudes de consommation dernièrement? Si oui, comment?

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Alexandra Philibert

Hyperactive du projet, Alexandra est une amoureuse des mots, du sport et de la musique country. Un contraste sur deux pattes que vous retrouverez le nez dans un livre ou probablement perdue à Nashville.

1 réflexion au sujet de « Le détail mal en point, la fin d’une époque? »

  1. Depuis peu, je m’intéresse fortement au principe du minimalisme et à la simplicité volontaire (c’est d’ailleurs sur ces sujets qu’est axé mon blog personnel Bonheur, Zen Attitude & Cie). Dans notre culture nord-américaine, on s’est tellement fait laver le cerveau, comme quoi AVOIR plus = être plus heureux…alors que c’est totalement l’inverse. Je me sens HONNÊTEMENT beaucoup mieux et pleine d’énergie depuis que je me suis débarrassée du 3/4 de mes choses (je donne mes items à des oeuvres de charité, bien sûr, je ne les jette pas), et pas besoin de dire que mon porte-feuilles s’en porte mieux aussi. Depuis que j’ai mis en applications certaines règles du minimalisme, j’ai réussi à « clearé » mes DEUX cartes de crédit en quelques semaines, et j’ai atteins le zéro dette (que je n’avais pas atteins depuis mes 18 ans, genre?).

    Bref, tout ça pour dire que notre société en ENTIER devrait revoir ses priorités. Maintenant, si j’ai ABSOLUMENT besoin d’un morceau de vêtement, j’aime bien mieux investir dans quelque chose de fait ici et / ou en tissu biologique que dans une pièce à 5 dollars de chez Forever 21 qui se déformera après un lavage, et qui est bourré de teintures chimiques possiblement cancérigènes.

    Nos valeurs sont à la mauvaise place, et j’ai personnellement décidé que je préférais DE LOIN avoir BEAUCOUP MOINS de vêtements, mais que ceux-ci soient neutres, facilement «agençables», passe-partout et de bonne qualité.

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