Un bris nous oblige à interrompre le service pour une durée indéterminée.

C’est parti par la porte d’en arrière, sans faire de bruit. Insidieusement, la baisse du désir sexuel s’est installée en toi, entre vous deux (ou vous 3, 4, 5…). Tu es fatigué, tu n’as pas le temps, il y a les enfants pas loin, etc… Au début, il y avait de bonnes excuses. Après, toutes les excuses étaient bonnes pour ne pas se laisser approcher. Comme si des briques construisaient un mur de Berlin autour de ton corps. C’est devenu le statu-quo sous la couette. T’as attendu. T’as figé devant ton sort comme un chevreuil voyant les phares d’une automobile. Et, plus rien.

*** Avertissement : Ne le prend pas personnel, mais cette chronique ne s’adresse pas aux asexuels (le fait de ne pas ressentir d’attirance sexuelle pour autrui) ou à celles qui ont fait le choix de ne plus faire l’amour. Mais vous pouvez lire quand même. ***

La baisse du désir sexuel, c’est LE sujet difficile à aborder dans un monde qui semble être « full-sexuel ». Mais, ça peut arriver à n’import quel moment, à n’importe qui. T’es pas obligée d’être une libido sur deux pattes en mode 24/7. Ça arrive des « down ». Des fois, t’attends pis ça revient, mais des fois, c’est long longtemps. Et faire l’amour ou non ne devient plus une question de choix, mais une souffrance.

Cette inertie sexuelle, c’est le produit d’un trop plein d’affaires que t’as en toi. Un gros « motton » de choses pas dites accumulées au court de ta vie. Mais chut! T’inquiètes pas ma grande. Il y a des solutions. Non, non! Pas celles qui se trouvent dans un sexshop glauque à 7,99 + tx. Ça part d’en dedans de toi. Et pour avoir accès au dedans, il faut s’ouvrir et commencer par en parler.

En t’exprimant à ton/ta/tes partenaires, tu découvriras la Bouclette (ou le Bouclon) que tu n’as jamais osé être. S’exprimer sur sa sexualité, c’est enfin dire ce que t’aimes ou pas sexuellement, les besoins non comblés, les déceptions et les frustrations vécues. Pis pas juste côté sexe. De TOUS les côtés de ta vie. Bref, c’est mettre le pied sur le frein et repartir à zéro, vers une nouvelle destination.

Lentement dans ta tête, ça reviendra actif. Ce n’est pas tous tes élans qui réussiront. C’est probable que des gros « bof » viendront encore écraser tes pulsions sexuelles. Mais donne-toi des chances! Personne ne se laisse approcher de nouveau et change sa vision de la sexualité en une nuit magique. C’est vrai que faire l’amour, baiser, c’est parfois trop exigeant dans nos vies surchargées. Cependant, ça fait du bien de se faire prendre dans les bras de quelqu’un, de redécouvrir les caresses, les baisers et l’excitation sans obligation « d’en finir ». Parce qu’on l’oublie souvent, mais ça aussi ça fait partie de notre sexualité.

Comme avec un collier pogné en motte dans le fond du coffre à bijoux, ça se défait doucement, sans tirer trop fort pour ne pas casser le fil, avec des essais et des erreurs, de l’observation, du sacrage en masse et du temps. Beaucoup de temps et de la patience. Mais faut que t’oses le prendre en main et aller le démêler parce que ça ne fera pas tout seul.

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Audrée Plamondon

Chroniqueuse psycho/sexo en relation exclusive avec les bouclettes et bouclons de Boucle Magazine, elle partage réflexions et élucubrations sur la sexualité avec un humour caustique et frontal. Récemment diplômée d'un baccalauréat en sexologie, elle est érotomane, épicurienne et assoifée des sensations fortes que la vie procure.

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