Descendance : une famille bouleversée

La famille Therrien se rassemble pour le Jour de l’An chez Luc. Ce dernier s’est procuré une caméra vidéo et veut tout immortaliser de cette soirée mémorable, quitte à refaire les scènes déjà faussées pour les enregistrer. La tempête fait rage dehors alors la famille n’a d’autres choix que de se parler. Il y a Geneviève, la jeune professeure sans nouvelles de son ex-amoureux, Marc-André, le cinéaste gai qui doit taire son mode de vie, Julie, la cousine enceinte dont le copain est en Égypte, Luc, le « mononcle», ancien alcoolique qui trompe son ennui en filmant la soirée, la grand-mère qui perd des bouts de mémoire à son plus grand désespoir et finalement Suzanne, la tante excentrique qui parle trop. Il y aussi Sylvie, la tante disparue dont on ne doit pas trop parler sauf pour sa recette de lasagne.

Cette famille dysfonctionnelle se retrouve pour cette soirée, par obligation plus que par envie. Elle meuble le silence par des expressions clichées, des proverbes familiaux et des banalités qu’on rejoue en boucles sur la météo et les vêtements. Ils font semblant de communiquer pour ne rien dire de ce qu’ils pensent. Pourtant, la caméra vidéo aidant, les vérités finissent par refaire surface et par dévoiler les fissures de ce portrait de famille « photoshoppé ».

Crédit  photo: Jérémie Battaglia
Crédit photo: Jérémie Battaglia

La pièce Descendance a pris l’affiche le 11 mars dernier à la salle Jean-Claude Germain du Théâtre d’Aujourd’hui. Ce texte de Dany Boudreault et Maxime Carbonneau, une création de La Messe Basse, revient sur les planches après son succès au printemps dernier. Maxime Carbonneau en assure également la mise en scène. Cette pièce ayant pour thème la famille dans tous ses états est bouleversante. Croyant assister à un party de famille ordinaire, le spectateur se prend à réfléchir sur les valeurs familiales, le mensonge et sur l’image que l’on souhaite projeter aux autres. La scène simplement meublée comme un salon de banlieue sert de toile de fond à cette histoire universelle habilement enrichie par la conception sonore d’Éric Forget, les jeux d’éclairages d’Erwann Bernard, ainsi que la scénographie de Cédric Lord.

L’équipe de comédiens qui interprète les membres de cette famille tordue a également été choisie avec soin. Dans le rôle de la grand-mère désirant fuir sa vie, Louise Turcot est époustouflante. Martin Faucher est lui aussi très poignant en oncle cherchant un sens à son nouveau destin de sobriété. Annette Garant, Rachel Graton, Raphaëlle Lalande et Julien Lemire complètent habilement cette distribution.

Crédit photo: Jérémie Battaglia
Crédit photo: Jérémie Battaglia

Ce récit rempli de malaises, de faux-semblants et de traditions détestées est émouvant et pousse parfois des larmes au coin des yeux, tout particulièrement dans les monologues de la fin. Racontant différemment un thème si souvent exploité, le texte des deux jeunes dramaturges est troublant, mais juste. Son humour noir n’empêche toutefois pas cette pièce d’être avant tout un drame.

La pièce de théâtre Descendance, à voir au Théâtre d’Aujourd’hui, du 11 au 29 mars 2014.

Pour plus d’informations sur la pièce, visitez le https://www.theatredaujourdhui.qc.ca/descendance

Amélie Lacroix Maccabée

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Amélie Lacroix Maccabée

Bibliophile, créative et curieuse. Hypersensible se réfugiant dans les mots et les arts. Gamine dans l'âme et accro au sucre. Intéressée par la cause féministe, environnementale et par la diversité sexuelle et culturelle dans les médias et la littérature.

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