La crise

On s’entend, en tant que parent on lit un peu sur le sujet, on se renseigne, on voit nos amis qui ont des enfants plus vieux nous dire avec une ironie à peine voilée que le «fucking four» est quelque chose qu’ils ont connu et ils sont donc contents d’avoir passé au travers. Mais jamais, au grand jamais, on est préparé pour LA crise quand elle explose dans ta face un mardi en fin d’après-midi.

En réponse à un non, ma fille de 4 ans a disjoncté. Et là je te vois venir, tu veux savoir, c’était quoi, le non hein? Tu veux pouvoir te faire une idée toi-même de si ma fille avait raison de péter sa coche ou non? Tu veux me juger hein? C’est ça tu me juges? (respiration) Il faut dire que depuis LA crise je suis restée un peu agressive.

Inquiète-toi pas, j’ai pas dit un non du genre « ah oui, tu aimerais ça jouer avec tes poupées? Ben c’est non. N-O-N non! » Voyons, tu me connais mieux que ça. J’ai dit non à la volonté soudaine de ma fille de vouloir sauter par la fenêtre de sa chambre pour me montrer qu’elle était assez forte pour défoncer le moustiquaire. J’ai dit non. Et là : explosion!

Je pense que la fille de l’exorciste peut aller se rhabiller. Ma fille était possédée. Elle hurlait, criait, frappait dans le vide les yeux fermés pis un moment donné dans son pétage de coche sur son lit, elle s’est elle-même enroulée dans ses draps. Elle se débattait contre elle-même!

À ce stade-là, j’hésitais entre partir à rire et inviter mes voisins à regarder le spectacle. Parce qu’il faut se le dire, c’était un spectacle. Bon, j’ai pas payé pour voir ça, mais c’est clair que ça m’a beaucoup divertie.

Toute tentative pour parler à ma fille était inutile, soit ça se perdait dans ses cris (j’avais jamais soupçonné qu’elle avait autant de souffle. Maintenant je sais qu’elle peut faire des bulles dans ses cours de natation) soit, ça amplifiait sa réaction.

Je la regardais comme on regarde un rat dans un laboratoire parce que si tu fais pas ça, tu meurs toi-même de trop de tension dans ton cerveau.

Je me souviens la voir faire le bacon par terre pis me dire : ayoye si je mettais autant d’énergie à développer tous les projets qui me tiennent à cœur dans ma vie, c’est clair que je réussirais tout ce que j’entreprends!

Elle avait tellement de conviction! C’était la Ghandi de la crise!

Quand elle a terminé, parce que oui ça passe, bizarrement… je l’aimais encore plus. Je me suis surprise moi-même parce qu’à peine deux secondes avant je m’imaginais la swinguer au bout de mes bras, mais tout d’un coup je l’aimais plus que tout au monde!

On s’est regardé dans les yeux en silence pendant 2-3 minutes. Quand j’ai ouvert la bouche, je lui ai dit : Maman t’aime plus que tout au monde. Un jour, le feu que tu as en dedans de toi va servir à réaliser des choses extraordinaires et à ce moment-là, tu vas être tellement fière de toi.

Coeur

On a passé de la crise à l’amour dans la même minute. On s’est prises dans nos bras longtemps. Le temps de réparer ce qui avait brisé pendant la crise. Ma seule crainte maintenant c’est vais-je avoir assez d’amour pour toutes les autres crises?

Mère Rebelle

Me suivre sur Facebook
Me suivre sur Twitter
www.emilieouellette.com

10 réflexions au sujet de “La crise”

    • Timing parfait pour voir ton texte , car ma fille vient de me mordre et de faire un scène pire que dans exorciste … »ce que je me disais en essayant de lui faire un contention pour ne pas qu’elle se blesse . » Mais moi même après 10 minutes , je ne trouve pas ça drôle , j’aimerais pourtant. Non, je suis totalement traumatisée , coupable et sur le bord de faire une méga crise de larme …. What the fuck is it ?

      Répondre
  1. j’ai pas eu d’enfant moi même mais ma soeur trois donc ce sont les miens un peu aussi et ils la font tous cette crise. A savoir si elle revient souvent non je crois pas. Ca en prends de l’énergie mais bon tu as très bien géré la première j’ai confiance pour l’avenir.

    Répondre

Laisser un commentaire